
L'abondance, qu'est-ce que c'est?
Cette semaine les Celtes fêtent Lughnasad ou Lammas, les premières récoltes, l’abondance et l’accomplissement de nos actions qui portent leurs fruits. Alors je me suis posée la question : qu’est-ce que l’abondance pour moi ? J’ai lu quelque part que l’abondance serait d’avoir toutes les choses que nous chérissons, et même un peu plus, comme un petit rab qui fait plaisir et renforce cette sensation de plénitude. J’aime cette définition. Même si ‘choses’ reste à définir. Avoir une quantité de choses qui donnent envie d’autres choses ? Non pas vraiment, même si, pour moi, la sécurité matérielle fait partie du sentiment d’abondance. Plus j’avance en âge et plus mes besoins matériaux sont comblés, plus d’autres facteurs me paraissent clé: le temps, l’espace, le lien à la nature et aux autres. Le temps pour assimiler, intégrer, savourer mes expériences, ne rien faire, observer, ressentir la richesse de chaque instant. L’espace pour respirer, prendre du recul et danser, bouger en petits ou grands mouvements selon ma musique intérieure et mes propres rythmes. Le lien à la nature, cette vie si pure et nourrissante, l’eau fraîche qui glisse sur ma peau, le vent qui d’un souffle soudain me caresse la nuque. Les couleurs et les parfums de toutes ces fleurs : roses trémière, belles de nuit, hibiscus, hortensias… Il n’y a qu’à observer les mirabelles éclatantes qui alourdissent les branches pour comprendre qu’en ce moment la nature accouche. Cette nourriture est pour nous, elle nous la cède si généreusement et en toute beauté, parce que c’est sa nature de donner. Puis, il y a cette chose miraculeuse qui est le lien d’un être humain à un autre. Alors que je passe du temps de qualité avec des personnes que j’aime ou même des connaissances et des inconnus, je me rends compte à quel point le contact humain est riche, même étrange, voire bizarrement intense et captivant. Être vraiment présent en compagnie de quelqu’un, c’est être très vulnérable et courageux à la fois. Être avec mes propres sensations alors que j’observe la danse des émotions dans leurs yeux, comme la mer, parfois calme, parfois agitée, mais toujours vivante. Il y’a Françoise qui me raconte son expérience de kiff total avec son cheval au galop à la côte sauvage, une liberté folle brille en éclat dans son regard. Puis il y a Camille dont le rire chaud et énergisant résonne dans mes cellules alors qu’elle me plonge dans ces récits de voyages. Puis il y a Tatiana que je découvre en nouvelle maman d’un petit chiot, son bonheur et si contagieux. Et puis il y a Carl qui me raconte sa nouvelle formation tout en m’aidant à porter une enceinte, il est si déterminé de participer à ce que les choses changent. C’est inspirant. Et je me dis qu’en fait l’abondance, c’est la réceptivité. La réceptivité aux courants de vie les plus subtils qui nous entourent. Cette capacité à savourer et à pleinement accueillir et ressentir toute cette vie, cette vie qui veut nous aimer. C’est laisser la vie sous toutes ces formes nous toucher au plus profond de nous, pour le meilleur et pour le pire, dans ces moments joyeux et tristes. Que la vie donne ou prenne, qu’elle nous enveloppe de richesses et de gloire ou qu’elle nous épluche comme des oignons pour nous montrer l’invincibilité de notre propre Essence. J’ai passé une grande partie de ma vie à chasser, courir, pousser pour avancer, d’abord pour devenir quelqu’un, puis ensuite pour devenir personne. Mais le chercheur spirituel est comme le chercheur d’or en mode ‘recherche’ et donc rarement présent, apaisé et satisfait. Lammas nous invite à cesser la recherche peu importe sa noblesse, pour une heure, un jour ou la vie, et de goûter pleinement à la richesse de l’instant. Pour devenir comme un bébé bouddha gavé de lait maternel, repu et gazouillant de plénitude. Lammas nous invite à ralentir, ressentir, savourer et recevoir, recevoir pleinement tous les fruits de nos efforts passés. Ou simplement la beauté des choses les plus banales et infimes. Avant de se jeter tête baissée et sourcils froncés dans un nouveau cycle de production. Ou peut-être ne plus jamais se lancer dans un cycle de production tête baissée, mais la tête haute, les yeux bien ouverts et un soupçon d’émerveillement dans le cœur et le sourire. Happy Lammas!
Artiste: Julia Watkins

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